Bonjour à tous et à chacun.
C’est dans la joie que je commence ce commentaire de l’exhortation apostolique du pape François : Gaudete et exultate. Si j’ai choisi de parler de cet écrit et non d’un autre, c’est pour deux raisons. La première c’est que c’est un très beau texte qui se laisse lire. La seconde est que la sainteté dont traite ici le pape François est le début de toute vie chrétienne. La sainteté c’est avant tout la manière dont on veut mener notre vie de chrétien. Or le temps des bonnes résolutions est arrivé. La semaine prochaine nous allons changer d’année liturgique, avec l’entrée dans l’Avent, temps qui nous est offert pour nous préparer à être rejoint dans notre humanité par le fils de Dieu.
Qu’est-ce qu’une exhortation apostolique ?
Une définition comparative dirait que c’est un texte semblable à une encyclique par son esprit et ses destinataires. Mais de manière particulière, l’exhortation apostolique plaide toujours pour inciter à s'engager dans telle ou telle activité, ou pour prendre une voie particulière.
Ici, le pape François nous rappelle que chacun d’entre nous a été élu par le Seigneur à « être saints et immaculés en sa présence dans l’amour » (Ephésiens 1, 4). Le thème de ce livre est donc de nous rappeler notre vocation à la sainteté, mais actualisée dans le monde d’aujourd’hui. D’ailleurs, le pape précise dans sa très courte introduction que son objectif « est de faire résonner une de plus l’appel à la sainteté, en essayant de l’insérer dans le contexte actuel, avec ses risques, ses défis et ses opportunités » (§2). Il précise qu’il ne faut pas néanmoins s’attendre à « un traité sur la sainteté, avec de nombreuses définitions et distinctions qui pourraient enrichir cet important thème… » (§2)
Le pape François va donc à travers les cinq chapitres de cet ouvrage nous donner des clefs pour réaliser cette vocation à la sainteté que tout homme a en lui. Je commenterai chacun de ces
chapitres dans les cinq semaines qui viennent. Vous m’avez compris. Ce livre va nous porter d’aujourd’hui où nous venons de fêter le Christ Roi, en qui notre sainteté prend sa source et vers qui
elle nous amène, à Noël où le Fils de Dieu s’incarne pleinement dans notre humanité pour nous montrer le chemin de la sainteté.
Le programme est le suivant.
Semaine 1 (chapitre 1) : L’appel à la sainteté
Semaine 2 (chapitre 2) : Deux ennemis subtils à la sainteté
Semaine 3 (chapitre 3) : A la lumière du Maître
Semaine 4 (chapitre 4) : Quelques caractéristiques de la sainteté dans le monde autel
Semaine 5 (chapitre 5) : Combat, vigilance et discernement
Le pape François au paragraphe 10 nous donne la raison du cette exhortation : « je voudrais rappeler par la présente exhortation, l’appel à la sainteté que le Seigneur adresse à chacun d’entre nous, cet appel qu’il t’adresse à toi aussi : « vous êtes devenus saints, car je suis saint « (P 1,16) ». En revanche, il ne justifie pas le moment de cette exhortation. Pourquoi l’a-t-il écrit à ce moment précis, dans l’année 2018 ? La réponse est sans doute toute simple. Cet appel que le Seigneur nous lance est permanent, et, quel que soit notre condition. Dès le début de la relation entre Dieu et les Hommes, Dieu appelle les Hommes à la sainteté, et cet appel ne cesse jamais d’être actualisé. En tout temps et en toute circonstance, les hommes, femmes et enfants sont appelés à se mettre sur la voie de la sainteté.
Dans ce chapitre, le Pape François relève deux ennemis subtils, mais bien dangereux pour notre progression vers la sainteté : Le gnosticisme et le pélagianisme actuels. Ces deux écueils prennent leurs sources dans deux hérésies des premiers siècles de l’Eglise. Le gnosticisme désigne une forme particulière de connaissance qui a pour objets les mystères divins et qui est réservée à un groupe d’élus. Quant à lui, le pélagianisme affirme que la grâce de Dieu est seulement une aide extérieure à la liberté, et non plus une aide à la liberté elle-même, pour lui permettre d’exister en tant que telle et d’agir au niveau d’un bien méritant la vie éternelle.
Pour chercher la sainteté, il n’y a rien de plus fondamental que de se mettre à la suite du maître : Jésus. « Jésus a expliqué avec grande simplicité ce que veut dire être saint, et il l’a fait quand il nous a enseigné les béatitudes » (§63). Si nous voulons connaître la marche à suivre pour revêtir la sainteté, il faut suivre le mode d’emploi que sont les béatitudes. C’est la carte d’identité du saint.
Dans cet avant dernier chapitre, le pape François nous demande de considérer quelques caractéristiques de la sainteté dans le monde actuel « qui sont indispensables pour comprendre le style de vie auquel Jésus nous appelle. Je ne vais pas m’attarder à expliquer les différents moyens de sanctification que nous connaissons déjà : les différentes méthodes de prière, les précieux sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation, l’offrande de sacrifice, les diverses formes de dévotion, la direction spirituelle et tant d’autres. Je me référerai uniquement à quelques aspects de l’appel à la sainteté dont j’espère qu’ils résonneront de manière spéciale. » (§ 110) On ne parlera donc pas de moyen, mais de caractéristique de la sainteté. Si nous suivons ces caractéristiques, nous ne deviendrons pas saints, nous le serons déjà !
« La vie chrétienne est un combat permanent. C’est aussi une lutte permanente contre le diable qui est le prince du mal » (§§158/159). C’est un thème original pour clore une exhortation apostolique sur la sainteté. Pourquoi le pape François a-t-il senti le besoin de finir sur la question du combat que tout homme, et encore plus tout chrétien, doit mener contre le Malin ? Ce qui est d’autant plus étonnant, c’est que ce thème du mal (mal / malin / Satan / diable) est un thème oublié des dernières décennies. Cette question interroge finalement les dernières fondations de la vie dans la sainteté, si on la prend au sérieux.
Dans cet écrit, je parlerai du Mal comme être autonome, que l’on appelle de différente manière : Satan, Mal, Diable, Mauvais, Prince du Mal… Je ne parlerai pas ici du mal compris en philosophie comme absence de bien.